Histoire d'Abraham Charmasson


Dans ce texte, l'histoire de Charmasson Abraham (de Saint Martin d'Arc hameau de Vallon Pont d'Arc), a été évoqué en grande partie par André MONTMARD (ancien maire de Saint Martin d'Ardèche). André descend lui même de la famille Charmasson de Patrou, et de celle de Châmes, c'est certainement une des raisons qui ont fait qu'il s'est intérèssé à l'histoire de notre cousin Abraham CH.

La grand mère paternelle de André Montmard "Alphonsine Charmasson" est née à Saint Remèze en 1865, elle habitait la maison des "Montmard" à Bourg Saint Andéol; maison détruite lors des bonbardements d'août 1944.


                           Ci dessous Maison natale de Abraham CHARMASSON

 Revenons à la famille "Charmasson d'Arc" de conféssion protestante, qui est certainement la plus ancienne connue de la région de Vallon Pont d'Arc. Parmi ses descendants ils sont nombreux à possèder des généalogies ascendantes remontant au XVème siècle. Dans ces tableaux et écrits, on y trouve pas mal de prénoms bibliques: Abraham, Moïse, Ruben. Les héritiers et descendants d'Abraham ont trouvé des armoires pleines de registres, malheureusement inexploitables car très abimés par le temps.

Cet Abraham s'est illustré au cours de la tristement célèbre "guerre des camisards" qui ensanglanta les "Cévennes" de 17O2 à 1704.

L'Abraham dont nous évoquons ici le parcours, est né vers 1670, dans cette maison (ci-dessus) de la "Combe d'Arc", tout prés de la grotte Chauvet. Son parcours puis son décès après le soulèvement protestants dans la vallée de l'Eyrieux en février 1704, nous sont mal connus, restent flous et mystèrieux, bien que ces évènements l'ait sorti de l'anonymat pour le propulser dans la tragique lumière des guerres religieuses qui éclatèrent en Vivarais durant l'épisode connu sous le nom de:" guerre des Camisards" au début du XVIIIème siècle.

Rappel des faits :
Le protestantisme est un mouvement religieux initié par un moine Allemand Martin Luther au début du XVIème siècle. En entreprenant de réformer l'Eglise Catholique Romaine et en particulier, la suppression du commerce des "indulgences". L'avidité de cette Eglise, avait en effet introduit dans ses textes, l'usage de l'achat des "Indulgences", permettant aux fidèles fortunés, en déboursant d'importantes sommes d'argent, d'obtenir le pardon de leurs péchés terrestres pour s'offrir le paradis. Cette pratique mercantile va déclencher un véritable scandale chez bon nombre de chrétiens.


Seul les plus riches pouvaient s'acheter l'espoir d'accéder au paradis quoiqu'il arrive.

En ce début du XVIème siècle, le souci principal du chrétien, reste au salut dans l'au delà. Il est donc essentiel pour lui d'être bien préparé tout au long de sa vie terrestre, à la mort.
Ce sera le point de départ de la réforme protestante 
Depuis François 1er (1494-1547), les rois de France luttent sans beaucoup de succès contre l'implantation du protestantisme dans le pays, cette "Eglise Réformée" qu'ils considèrent comme un danger pour leur pouvoir. Mais en dépit des persécutions, des brimades en tous genres infligées aux protestants, le mouvement ne cesse de progresser, ce qui va provoquer des tentions entre catholiques et protestants, conduisant aux premières guerres de religions à partir de 1562 (massacre de Massy). Guerres qui ne cesseront qu'avec la promulgation de l'édit de Nantes sous Henri IV en 1598, cet édit, instaurera la paix religieuse dans le royaume de France, en offrant une place aux protestants, ainsi que la liberté de leur culte.
Durant tout le règne de Louis XIII, la présence de cette "Eglise Réformée" va constamment alimenter les récriminations du clergé auprès du pouvoir, afin d'extirper l'hérésie du royaume, sans toutefois trouver beaucoup d'écoutes auprès du Roi.
A la mort de Mazarin, l'arrivée de Louis XIV va radicalement changer les choses, car l'un des objectifs du nouveau monarque, est de revenir à l'unité religieuse dans ce bon royaume de France, en contraignant les protestants à abandonner leur religion par de multiples tracasseries. La pression contre les prétendus "réformés" va culminer de 1683 à 1685 avec les "Dragonnades", c'est à dire le logement de "Dragons" dans les familles protestantes. Le comportement de la soldatesque va aboutir à de très nombreuses abjurations.
La religion protestante est proscrite, les temples détruits, les pasteurs exilés ou emprisonnés. Face à la répression impitoyable du très catholique du pouvoir royal contre le petit peuple huguenot, les prophètes d'abord pacifiques, vont appeler à la révolte.
Commence alors pour les protestants la période de la "Clandestinité".
Ils se réunissent en secret par petits groupes, en des lieux isolés pour célébrer leur culte interdit. Ces assemblées clandestines sont traquées par les troupes royales envoyées en renfort dans les Cévennes, l'Uzège, le Gévaudan, le Vivarais. Les prédicants pris sont exécutés, les fidèles emprisonnées ou envoyés aux galères, parfois massacrés, leurs biens incendiés, pillés,...
En juillet 1702, l'abbé du Cheylat au Pont-de-Montvert (Lozère) est assassiné par un petit groupe d'insurgés protestants locaux. Cet homme d'église, était dans les cévennes l'agent et le représentant de l'intendant du Languedoc, chargé par sa fonction de faire appliquer une répression impitoyable contre les protestants, mission qu'il s'évertuait à appliquer avec zèle.
Cet évènement sera l'élément déclencheur de ce qui va devenir: la "Révolte des Camisards", se développer et s'étendre très vite en: Cévennes, Uzège et Vivarais.
Le petit peuple protestant des campagnes s'organise militairement par secteurs géographiques, se constituant en petits groupes armés, obligeant le pouvoir royal à mobiliser une armée de 25000 soldats et 2 maréchaux de France pour mater quelques 2500 "Camisards" durant ces tragiques années d'Insurrections.
Cette " Révolte Camisarde" est atroce. Aux déportations, pendaisons, incendies, tortures de la soldatesque, répondent les terribles représailles des "Camisards", contre tout ce qui représente à leurs yeux, les symboles de l'Eglise Catholique.
Tout notre petit secteur géographique est mis à feu et à sang.
En cette fin d'année 1702, après le meurtre de l'abbé du Cheylat au Pont-de-Montvert, le signal de la révolte est donné dans tous les secteurs Languedociens à majorité protestante. Ce soulèvement armé populaire, inattendu, déconcerte les instances royales du Languedoc, qui pensent dans un premier temps pouvoir réduire ces exactions avec ses propres forces de l'ordre. Mais les insurgés, bien organisés restent insaisissables.
Dés le début de l'année 1703, l'évidence d'une véritable enclave protestante sécessionniste se crée dans les Etats du Languedoc. Face à cette situation intolérable, le Roi se décide à envoyer une armée pour soumettre et réduire les insurgés par la force.
Ces quelques mois de vacances du pouvoir provincial, l'absence de décisions fortes dans les instances royales, vont permettre aux "Camisards" de s'organiser, de s'armer, d'avoir des responsables de secteur d'où émergerons des chefs.
En quelques mois un très jeune homme de la région d'Anduze, Jean Cavalier porte l'étendard de la révolte Camisarde et tous les espoirs d'une très prochaine liberté de culte pour les "Réformés" du Languedoc. Il est le chef incontesté des Camisards de toute la province.
Nous sommes à la fin de l'année 1702, les protestants du Vivarais n'ont pas encore pris part à des soulèvements contre les exactions menées par les soldats du très catholique pouvoir royal contre eux, comme l'ont déjà fait leurs frères de Lozère et d'Uzège. Pourtant ces huguenots vivarois commençaient à espérer et s'émouvoir des nouvelles qui leurs arrivaient du bas Languedoc voisin, faisant état de nombreuses victoires camisardes sur les troupes et milices catholiques de leurs diocèses.
C'est ainsi que les instances dirigeantes de l'Eglise Réformée, crurent le moment propice pour appeler au soulèvement leurs frères du Vivarais voisin à les aidant à s'organiser. La mission était d'importance, Jean Cavalier, figure emblématique de la révolte des Camisards en Uzège, eu en charge de diriger cette expédition à la tête d'une troupe parfaitement organisée et aguerrie aux combats.
Dés le mois de janvier 1703, dans son fief d'Anduze, Jean Cavalier organise dans le détail les préparatifs pour une telle expédition qui doit le conduire en Vivarais. Le 8 février à la tête d'une troupe d'environ 800 combattants ils s'ébranlent depuis les environs d'Anduze pour le Vivarais.
Le 9 février au petit matin ils traversent la Cèze au guai du Château de Féreyrolles, au sud de Barjac, contournent le bourg et le Château puis prennent la direction du village de Vagnas.
Cavalier et ses hommes arrivent à Vagnas le 9 février en fin d'après midi, ils brulent l'église et quelques maisons, se regroupent puis se mettent à l'abri du froid et de la neige. Ils prennent quelques repos avant de poursuivre au plus vite vers Salavas le lendemain, mais surtout réussir leur mission première: la traversée de l'Ardèche afin de pénétrer dans le Vivarais tout proche pour apporter leur soutient aux Camisards de ce diocèse.
L'intendant du Languedoc informé des intentions des protestants de traverser la rivière par le grand chemin de Barjac à Vallon, avait pris des dispositions pour s'opposer à tout prix à l'incursion de Cavalier en Vivarais. Ce passage ne pouvant s'effectuer dans ce secteur, qu'au guai de "La tour du Moulin" à Salavas, ou d'une façon difficile pour le sentier au dessus de l'arche du "Pont d'Arc". Les instances royales du lieu, étaient chargées de mettre en place la stratégie adaptée, afin de s'opposer par tous les moyens à la traversée de l'Ardèche des troupes du chef camisard.
Monsieur de Joviac, marquis et colonel en charges des milices catholiques du Vivarais ayant eu avis que les fanatiques protestants devaient traverser l'Ardèche à Salavas, le 9 ou le 10 février, avait pour mission: la garde du passage de l'Ardèche. Venant de Villeneuve-de-Berg avec 350 hommes, ils arrivent à Vallon en début d'après midi le 9 février, fait mettre quatre hommes pour surveiller le passage du sentier sur le Pont d'Arc. Fait ramasser tous les petits bateaux se trouvant sur la rivière depuis la montagne de Sampzon jusqu'au Pont d'Arc. Dans la nuit avec ses hommes ils traversent l'Ardèche où ils sont accueillis en arrivant à Salavas, par le baron de Lagorce, seigneur des lieux. Ce dernier qui commandait une milice catholique locale, avait lui aussi pour mission de barrer la route à Cavalier.
Par ailleurs, le capitaine Julien avec ses troupes royalistes en poste à Lussan, reçoit l'ordre le 9 février, de rejoindre Vagnas au plus vite, afin de s'opposer au projet de Cavalier de pénétrer en Vivarais. Il arrive à Barjac en fin d'après midi.
Cavalier ayant quelques heures d'avances est déjà arrivé à Vagnas.
Nous sommes en plein hiver, il fait très froid, le temps est couvert, il neige, les champs et chemins sont recouverts d'une fine pellicule blanche.
Le 10 février 1703, au petit matin, les troupes catholiques et protestantes regroupant plus de deux milliers combattants, sont sur le pied de guerre, chaque camp ne connaissant pas avec précision les positions de l'adversaire.
L'affrontement aura lieu, dans le secteur de: Barjac, Vagnas, Labastide de Virac, et Salavas...
Le baron de Lagorce, à la tête de sa milice catholique prend ce même jour la route de Barjac.
Arrivé au lieux-dit: "Rieusset" à l'aube sur foi d'une fausse information d'un témoin, se dirige ensuite vers Vagnas qu'il découvre en flammes. Tandis que sa petite troupe avance à découvert au lieu dit "La pomme", elle est prise sous le feu nourri des "Camisards". Le baron de Lagorce est mortellement blessé ainsi que de nombreux officiers et miliciens, les hommes valident restant ne devront leur salut qu'à un prompt repli stratégique vers le château de Salavas, où le baron décèdera en arrivant.
De son coté Cavalier y perdra son second, le dénommé Espérandieu. Il sera inhumé aussitôt sur place au lieu dit "Champ du mort", proche de "Chabriac. Toutefois les "Camisards" après la déroute des milices catholiques restent maîtres du terrain. Ils peuvent donc se réorganiser afin de poursuivre vers Salavas, et préparer la traversée de la rivière Ardèche qu'il savait être une opération délicate à réaliser.
Informé de la défaite des milices catholiques, le capitaine royaliste Julien, en attente à Barjac avec ses hommes, partent à marche forcée, direction: Vagnas, Salavas, afin de s'opposer aux "camisards". Ayant eu la connaissance précise du regroupement des hommes de Cavalier (entre Montchamp et Gourdon), Julien, fort de quelques deux mille soldats prend les troupes de Cavalier en tenaille. Attaqués de tout cotés, les Camisards subissent là une défaite complète.
Le premier combat s'était déroulé le matin, au lieux-dit: "La Pomme" au sud de Vagnas.
"Les Camisards" de Cavalier avaient culbuté les milices catholiques de baron de Lagorce. La seconde bataille dans l'après midi se situent géographiquement entre Vagnas et Labastide de Virac, et les troupes royalistes du Capitaine Julien infligent un cuisant revers aux hommes de Cavalier.
Le récit qui suit (en italique sur fond vert), relate ce second combat, reprend textuellement les extraits de " L'histoire des Pasteurs du Désert" de Napoléon PEYRAT, tome 1, édition 1842, pages 390 et suivantes:
"...Les troupes de Cavalier reçoivent le feu de l'ennemi, et les Camisards avec leurs fusils
humectés de neige n'y répondent pas; ils s'élancent alors à la baïonnette, refoule Julien vers les bois, et donnent tête baissée dans son embuscade; ils sont aussitôt enveloppés par les troupes royales. Alors ce n'est plus un combat mais un tumulte, un carnage, un massacre; Cavalier avait mis pied à terre pour ranimer ses brigades éperdues et les entrainer à l'ennemie, mais ses discours, son exemple ne peuvent plus retenir ses bandes effarées, délaissant leur chef, se ruant pêle-mêle comme un troupeau dans la forêt de Ronze..... La traque par les royaux qui les suivent à la piste sur la neige comme les bêtes à la chasse..... Ils en tuèrent un grand nombre.....
Ravanel et Catinat les principaux chefs de Cavalier, parvinrent à rallier quelques brigades camisardes et jusqu'au soir attendirent Cavalier dans la forêt. Ne le voyant pas revenir ils le crurent mort. Tristes, ils reprirent leur route et marchèrent toute la nuit dans la neige pour mettre la cèze entre eux et le capitaine Julien... Arrivé à Bouquet (au sud-ouest de Barjac), Ravanel alla rendre compte à Rollant, du triste résultat de l'expédition "Vivarais".... Et surtout: qu'était devenu Cavalier?... Les uns le disaient prisonnier; d'autres: mort en combattant....
...Après deux jours d'attente vaine ils reçurent un message du jeune chef Camisard, qui leur annonçait son retour inespéré aprés son combat contre les "royaux"... 
Mais revenons sur cet échec de Cavalier à pénétrer en Vivarais le 10 janvier1703. A sa défaite devant les troupes royales de Julien, entre Vagnas et Labastide-de-virac, ne devant son salut qu'à la fuite précipitée dans la "forêt de ronze" toute proche pour s'y cacher.
"Cavalier n'avait pu rejoindre sa troupe; cependant il rencontra quelques uns de ses .compagnons égarés comme lui dans cette forêt; leur joie fut de courte durée en entendant dans le lointain la voix des troupes royales. Ils se tapirent aussitôt dans un buisson croissant devant des roches, cette végétation masquée l'entrée d'une caverne.... La neige tombant à gros flocons effaçant leur pas au yeux du capitaine Julien, qui, bientôt après passa rapidement en excitant ses soldats à la poursuite des camisards en fuites.... 
Cette découverte fortuite d'une grotte manifestement inconnue de tous, dont l'ouverture est rendue non visible par une importante végétation et s'offrant soudain à des combattants aux abois, qui de surcroit ne connaissaient pas les lieux et poursuivis par leurs vainqueurs. Cela relève à mon sens, plus du conte merveilleux pour enfants, qu'à la réalité des faits. Mais l'auteur conte là, la bataille de Jean Cavalier et non celle de Abraham Charmasson. Ma conviction profonde m'incite à imaginer une version beaucoup plus réaliste: 
Cavalier n'a pu se fondre dans la "forêt de ronze" (cette forêt est à seulement une lieue de sa maison de la "Combe d'Arc"),et n'a pu manifestement échapper aux royaux qu'avec la complicité d'un guide local ami, celui-ci ayant une parfaite connaissance du terrain et des lieux, lui permettant de se tapir dans un lieu sûr, d'être ravitaillé, informé, réconforté, lui permettant d'attendre que la traque dont il faisait l'objet ne se desserre. Pour ensuite être guidé à retrouver des drailles et des relais sûrs, le conduisant vers ses bases d'Uzèges rejoindre ses coreligionnaires qui espéraient dans l'incertitude son retour.
Ce guide local ami, connaissant parfaitement les lieux, qui avait de plus, une parfaite information des évènements qui se déroulaient dans son environnement immédiat, grâce à la connaissance des activités de la soldatesque catholique qui s'y manifestait aux abords du Pont d'Arc habituellement si tranquille. Par la présence de gardes placés en sentinelle sur le sentier reliant les deux rives de l'Ardèche, mais également par la réquisition des barques, certainement même la sienne. Ce complice ami ne pouvait être que dans la famille protestante des Charmasson; la seule, habitant à la Combe d'Arc, à deux pas du Pont d'Arc, et dont les textes qualifient le fils Abraham de:
"Garçon très sage mais zélé pour sa religion protestante jusqu'à l'excés".
Dans son ouvrage: "Vie de Jean Cavalier", édité en 1868, François Puaux: écrivain, pasteur, théologien, né à Vallon, gratifie Abraham Charmasson de: Capitaine Abraham Charmasson d'Arc dont les descendants existent encore.
Enfin autre exemple très significatif que ces évènements de: "Vagnas-Labastide-Salavas", avaient profondément marqué ce lointain ancêtre par filiation collatérale, car:
Lorsque en 1704 Abraham Charmasson est désigné par Rolland, pour prendre la tête d'un soulèvement Camisard, dans les boutières. En sa qualité de chef, il prend le pseudo de "Cavalier"... 
La liaison tant souhaitée, des protestants du bas Languedoc avec leurs homologues du Vivarais, avait échoué au gué de Salavas ainsi que devant les royaux du capitaine Julien à Vagnas. Mais Jean Cavalier, qui pour les protestants représentait l'âme du mouvement insurrectionnel, avait lors de cet évènement dramatique sauvé le principal, sa vie et l'essentiel de ses hommes, cela sans aucun doute, grâce à l'aide salvatrice d'un certain Abraham Charmasson et sa petite équipe "Camisarde"de la "Combe d'Arc et des environs.
Il va devenir auprés des siens: un prophète, un inspiré, un chef...
C'est alors que les instances dirigeantes du Vivarais protestant, vont imaginer utiliser l'auréole naissante d'Abraham Charmasson, un: Jean Cavalier Vivarois en quelque sorte, pouvant lutter à armes égales contre les milices catholiques et autres troupes royales, mais surtout apporter une protection armée efficace, aux protestants persécutés dans diverses régions du Vivarais à fortes proportions huguenottes.
Ce mouvement prophétique avait pris naissance dans les années qui ont suivi la révocation de l'édit de Nantes (1685). Le petit peuple protestant de la ruralité est en permanence persécuté par les militaires du très catholiques pouvoir royal de Louis XIV. Les temples sont détruits, les pasteurs exilés, le culte protestant et les livres saints interdits. En quelques mois, l'appareil ecclésiastique de l'église réformée est entièrement détruit, réprimé, proscrit...
C'est dans ce contexte de crise marqué par la perte de repères identitaires, que va prendre naissance le réveil religieux des protestants, encadré par les "prophètes", les "inspirés"....
Qui sont-ils ? ...
Ces prophètes sont dans leur grande majorité des jeunes gens issus du monde rural, la plupart illettrées, ne parlant que le patois, d'où l'étonnement de les entendre prophétiser dans un français très approximatif. Leurs prophéties sont nourries de textes bibliques qui annoncent la prochaine délivrance des fidèles. Peu à peu ces prophètes, ces inspirés, jouent un rôle important en fonction des inspirations qu'ils reçoivent ou ressentent... Leur mobilisation auprès de leurs coreligionnaires, va déboucher sur une véritable "guerre sainte": La "Guerre des Camisards" entièrement dirigée contre le pouvoir royal et l'église catholique.
Le départ de ce vent de la révolte camisarde en Vivarais sonnera au début du mois de février 1704, dans la paroisse de Gluiras, petit village des boutières, dominant la vallée de l'Eyrieux, au dessus: Saint-Sauveur-de-Montagut.
C'est la "réforme", le protestantisme et son corollaire de répressions qui vont faire entrer Gluiras et Abraham Charmasson dans l'Histoire des Camisards de notre province Vivaroise, mais également dans L'Histoire.
Vers le milieu du XVIème siècle, un temple est édifié à Gluiras, ce qui atteste qu'une partie importante de la population est gagnée par la "Réforme". A cette époque, où piétons et voyageurs sillonnent la région par les voies de crêtes et chemin de traverses, Gluiras est beaucoup moins enclavé qu'il ne l'est aujourd'hui. C'est un important carrefour de circulation pour: les pèlerins, les prédicants, les colporteurs, muletiers et autres voyageurs.
La paroisse de Gluiras, à partir de cette période apparaît constamment dans la chronique de "la foi réformée", de la répression, de la révolte en Vivarais. A la suite de l'apparition du phénomène "Prophétisme", les assemblées clandestines se multiplient.
Pour célébrer leur culte interdit, les protestants organisent une Eglise de l'ombre. A ces "Assemblées interdites" succèdent, répressions et leur accompagnement d'expéditions punitives conduites par des détachements de l'armée royale, aidés en cela par les milices catholiques locales.
Abraham Charmasson, ce paysan protestant "zélé pour sa religion jusqu'à l'excés", disent les textes, il était semble-t-il, un de ces prophètes, ou inspirés, seulement nourri de textes bibliques et de foi réformée, sans aucune formation en stratégie militaire ni aux maniements des armes, il avait combattu dans le haut vivarais avec plus d'ardeur que d'habileté. Cette grave lacune aura pour lui et ses compagnons une fin prématurée et dramatique au hameau de Franchassis, paroisse de Pranles.
Ce soulèvement protestant s'il connut un succés les premiers jours de combat face à des habitants catholiques surpris et désarmés; l'arrivée des troupes royalistes de Julien, venues en urgence de Saint-Ambroix, battra en pièces les insurgés dés les premiers combats, le 23 février 1704.
Ce sera, le premier mais aussi le dernier soulèvement protestant d'une telle ampleur en Vivarais dont Abraham Charmasson et Jean Pierre Dortial, étaient les chefs et à l'initiative.
Dortial et Charmasson échappèrent-ils au massacre de Franchassis ?...
J. P. Dortial oui, il échappera miraculeusement à cette tuerie, en se fondant dans la nature, s'abritants de déserts en caches amis, pour échapper aux royaux précisent les textes. Il s'exilera en Suisse vers 1712. Il reviendra en France, il sera à nouveau traqué, puis capturé, emprisonné, expéditivement jugé et condamné à la peine de mort. Il sera pendu en place publique à Nîmes, en juillet 1742.
Abraham charmasson, sera tué lors de l'assaut des soldats de "Julien" comme la pluspart des Camisards engagés dans ce soulèvement des "Boutières", au hameau de Franchassis, paroisse de Pranles, le 23 février 1704.
Cette date est gravée dans la pierre, sur la stèle dressée dans le petit cimetière de Châmes, proche de la chapelle, rappelant son engagement de "Chef Camisard", mort au combat loin de sa Combe d'Arc et des siens, pour défendre ses idées, sa foi, sa religion.
Cette stèle mise en place au printemps 2014, à l'initiative de: 
L'association des Charmasson du Monde Entier
Fût dévoilée aux trés nombreux descendants Charmasson et collatéraux, ainsi qu'aux personnalités civiles et religieuses présentes, invitées à participer à la cérémonie oecuménique célébrée à l'occasion de la réhabilitation de la chapelle de Châmes, le 14 juin 2016. (lire plus loin)
Abraham Charmasson ne repose pas dans ce petit cimetière, il fût inhumé, proche de sa maison natale de la combe d'Arc, dans sa propriété en terre protestante, comme il était de tradition (durant cette pèriode, les hérétiques protestants ne devant pas souiller les cimetières paroissiaux).
Toutefois cette stèle rappelle aux visiteurs, que les Charmasson du Monde Entier, puisent leurs racines dans ce petit secteur géographique de la basse vallée de l'Ardèche, entre "Combe d'Arc" et "Tiourre", sur la commune de Vallon-Pont-d'Arc.
Nota: L'ensemble des récits évoquant les batailles de Vagnas en 1703, l'insurrection des Boutières de 1704, la fin d'Abraham, sont une synthèse des textes très semblables, puisés dans les ouvrages indiqués ci-dessous:
L'Histoire des Pasteurs du Désert par Napoléon Peyrat. Tome 1°, édition 1842.
L'Histoire des troubles des Cévennes par Antoine Court. Tomes 1 et 2, édition 1760.
La vie de Jean Cavalier par François Puaux, éditée en 1868.
Mémoire d'Ardèche et Temps Présent N° 2 édition 2002, chapitre Vagnas le combat des Camisards par Marc Autrand. 
Histoire de la Réformation Française de François Puaux, Tome 6ème, édition 1869.
L'Episode du gué de Salavas en février 1703, s'étant soldé par l'échec de Jean Cavalier. Il apparut très clairement que les instances dirigeantes des églises réformées vivaroises, se devaient de réagir, prendre en main leur destiné, leur protection et constituer de petites structures militaires armées, destinées à venir en aide à leurs frères, persécutés par les milices catholiques locales comme à: Vallon, Salavas, Vals, Vernoux, Privas, les Boutières. ...
Ce second soulèvement vivarois débute dans la nuit du 18 au 19 février 1704 à Gluiras, les insurgés tuent le curé et son vicaire, incendient l'église, et durant six jours mettent les boutières à feu et à sang. L'insurrection prendra fin le 24 février, par l'écrasement des camisards au hameau de Franchassis (commune de Pranles). La répression des royaux sera terrible.
Relatant cet épisode, Napoléon Peyrat dans son: Histoire des pasteurs du désert, Tome second, édition 1842, écrit en page 79 et suivantes, extraits:

















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